Les contrats étaient signés plus tôt que prévu,
les bureaucrates de Pékin n'ont même pas voulu aller au restau.
J'étais là, au 31e étage de cet immeuble immonde,
à admirer cette moite et chaude couverture de monoxyde
de carbone et de métaux lourds qui berçait la mégalopole à l'époque.
J'avais six heures devant moi
et plus personne ne faisait attention à moi.
J'ai marché vers le coin désert de l'open space,
il n'y avait que cet ordinateur miteux et j'ai voulu l'allumer.
Ecran noir.
J'avais des bases de C++, j'ai commencé à écrire des ordres absurdes,
des délires récursifs qui auraient retourné l'univers sur lui-même,
si les ordinateurs n'avaient pas un message d'erreur.
C'est là que j'ai senti la douleur.D'abord dans ma main droite.
Mon pouce s'est asséché comme une vigne noueuse,
et l'articulation s'est tordue vers l'intérieur.
Ce mal était en train de me faire payer pour
toute l'absurdité du monde, et ça remontait dans mes veines.
J'ai senti quelque chose frotter contre ma cheville.
J'ai regardé : du lierre partout. Et ma colonne vertébrale s'est pétrifiée.